Dossier artistique

THE SERVANT

Calendrier

création automne 2016

Distribution

The Servant  - opéra de chambre en un acte - adaptation  Marco Tutino d’après le roman de Robin Maugham. Le projet est à l’initiative commune de Scènes&Cités  et de l’Ensemble Orchestral Contemporain.

La distribution en cours réunira 4 chanteurs et 7 musiciens.

L’Ensemble Orchestral Contemporain a été fondé en 1992 par Daniel Kawka. 

Depuis plus de 20 ans, l’ensemble poursuit son activité de diffusion du répertoire du XXe et XXIe siècle en France et à l’étranger, avec à son actif près de cinq cents œuvres de cent quatre-vingts compositeurs, dont cent soixante-dix créations. A partir de sa base instrumentale (cordes, bois, vents, percussions, piano), l’EOC propose des concerts en petites et grandes formations dans lesquels il développe une approche diverse et originale de la musique contemporaine. Il promeut l’expression sonore incarnée par l’instrumental pur, la mixité des sources instrumentales et électroacoustiques, mais également les projets d’ouverture à d’autres arts (théâtre, danse…).

THE SERVANT

Robin Maugham

compositeur Marco Tutino

chef d'orchestre Daniel Kawka


THE SERVANT

Note mise en scène

Avant de devenir le célèbre film de Joseph Losey, « The Servant » a d’abord été un petit roman écrit par Robin Maugham qu’il adaptât lui-même en une pièce de théâtre.

La pièce, créée en 1958, connut un grand retentissement en Angleterre, éveillant l’intérêt d’Harold Pinter qui en assura l’adaptation pour le scénario du film.

La pièce de Maugham est plus complexe et violente que le scénario qui lui a donné sa renommée mondiale. Bien qu’on y retrouve un canevas strictement identique, elle décrit, dans la relation qui confronte le « domestique » au « maître » des rapports encore plus terrifiants dans le paroxysme de l’aliénation où les deux protagonistes se soumettent l’un à l’autre.

Tony rentre d’un exil de six années en Afrique où il semble avoir été envoyé par son père qui le considérait comme un incapable et un parasite. Sans que cela soit clairement énoncé, Tony est l’héritier et l’incarnation d’une classe privilégiée rongée par sa consanguinité et incapable de vivre autrement que dans la dépendance d’autrui entre une oisiveté et une mélancolie maladives. Sa fiancée Sally entreprend pour son retour de recruter un domestique qui se chargera d’organiser et de régler toute l’intendance de cette grande maison.

Cette platonique fiancée est présente le même jour au retour du prince exilé quand se présente le domestique Barrett. Ce dernier provoque d’abord les moqueries ainsi qu’un peu de malaise devant une attitude obséquieuse qui mêle le plus grand raffinement à un sentiment étrange de perversité. Mais Tony est sous le charme et en quelques mois, plus qu’un domestique, Barrett se transforme à ses yeux en un magicien qui enchante littéralement l’âme de cette maison qu’il repeint, meuble, décore, tout en offrant à son maître les conditions d’un confort qui annihile le moindre tracas et métamorphose la relation des deux hommes en une dépendance vitale.

Les attraits de Sally, sa fiancée bien disposée à offrir son corps et sa présence, seront efficacement balayés par les manipulations du domestique qui n’envisage pas de partage possible et imposera la présence d’une nouvelle jeune femme : sa nièce. A la bonne chair, au luxe de l’insouciance et au confort s’ajouteront désormais la luxure du corps offert de la jeune femme qui s’avèrera en réalité être la propre fiancée de Barrett. Sally sera donc rapidement mise à l’écart, n’ayant plus aucune prise sur Tony qui vit désormais sous l’empire de son domestique.

« The Servant » au-delà d’un propos très contemporain sur la question d’une insidieuse mais encore très réelle lutte des classes, offre dans la pièce de Robin Maugham une impressionnante dimension métaphysique tant les motivations du domestique et du maître sont mystérieuses et finissent par s’écarter de toute anecdote pour ne plus mettre en scène que la quintessence du combat entre le bien et le mal. « The Servant » résonne alors comme en écho « au cœur des ténèbres » d’un Robert Conrad et la pièce très anglaise laisse sous ses apparences naturalistes, surgir une vision crépusculaire de la puissance infernale des relations humaines.

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