Peter Handke

Auteur

Romancier et auteur dramatique, Peter Handke est né en 1942 à Griffen (Autriche), d’une mère d’origine slovène et d’un père allemand.

Il commence à écrire à l’âge de seize ans. Après ses premiers succès littéraires et quatre années de droit, il abandonne ses études en 1965, pour se consacrer entièrement à l'écriture, après que l'éditeur Suhrkamp accepte son manuscrit “Die Hornissen” (Les frelons). Il a reçu en 1973 le prix Büchner (en 1999, il rendra la dotation de ce prix en protestation contre les bombardements de l’OTAN en Serbie) ainsi que de très nombreux autres prix littéraires allemands et autrichiens.
Il a signé des scénarios de films, entre autres pour Wim Wenders, qui a adapté plusieurs de ses romans. Il a aussi adapté et filmé en 1976 son roman “La femme gauchère” et en 1994 “L’absence”.
Il a traduit en allemand de nombreux auteurs français (Patrick Modiano, Emmanuel Bove, Francis Ponge, René Char, Marguerite Duras, Georges-Arthur Goldschmidt, Julien Green, Jean Genet, Bruno Bayen), grecs (Eschyle, Sophocle) et anglais (Percy, Shakespeare).
Il vit actuellement en France.

TRACES DES ÉGARÉS

Traduction : Christophe Perton - Silvia Berrutti Ronelt


Ebauche de traduction par Silvia Berutti-Ronelt et Christophe Perton 
Titre original : Spuren der Verirrten
© Suhrkamp, Frankfurt am Main 2006

 

Ils sont retombés ensuite dans leurs allées, venues, allées. Et ce faisant, l’un ou l’autre couple s’est à nouveau formé. Et même si j’ai disparu, j’ai certainement quand même participé, de temps en temps, ici et là, et non seulement quand ils jetaient des regards furtifs sur moi ou me cherchaient des yeux, mais également lors d’une hésitation passagère ou un changement d’attitudes. Tel, par exemple, quelqu’un, à qui un autre, comme au début, veut enlever un fardeau, est en train de repousser la main et puis, comme s’il sentait mon regard, se laisse aider etc. Mon observation agit dorénavant comme une sorte de musique d’accompagnement. Pourtant, pour l’instant, le petit tas ou le détachement reste sur place, en un demi cercle approximatif, au milieu l’ex-tragédien qui ne peut s’abstenir de me rendre la monnaie de ma pièce : « En ce qui me concerne – je ne suis pas spectateur. Je n’ai jamais voulu me contenter de regarder. Même si tout au long de ma vie je n’ai fait rien d’autre que regarder les gouttes de sang dans la neige. Je suis acteur ! »